Monday, November 18, 2013

Appui-feu au Tchad 1968 - 1975


Rappel du contexte


Le 11 août 1960 le Tchad acquiert son indépendance. Ce pays, grand comme deux fois et demie la France s’étend entre le 5° parallèle de latitude Sud et le tropique du Cancer et possède, dans son fantastique étirement longitudinal, des frontières d’une grande linéarité. A l’intérieur, cohabitent une centaine de groupes linguistiques, trois religions (musulmane, animiste et chrétienne), mais les antagonismes entre nomades du Nord les "seigneurs" du dar el-islam et les sédentaires du Sud le dar el-abid (le pays des esclaves) ont tendance à ressurgir, après un demi-siècle de paix coloniale.
En 1965, les populations du Guéra se soulèvent contre un emprunt forcé payable en bétail et le quadruplement de la "taxe civique". Une dizaine de fonctionnaires sont tués. En représailles l’Armée Nationale Tchadienne (A.N.T.) rase plusieurs villages. Le 22 juin 1966, l'opposition crée un mouvement armé, le Front de Libération National (FROLINAT).

Une intervention sans nom

Le 5 mars 1968, les Toubous du B.E.T. (Borkou - Ennedi - Tibesti qui représente 45% de la superficie du Tchad) entrent en rébellion ouverte et prennent la ville d'Aouzou en juillet 1968. Le Président tchadien Tombalbaye fait alors appel à la France en vertu des accords militaires passés entre les deux pays afin que celle-ci libère Aouzou suite aux échecs de l'A.N.T. en août. Le 30 août, quatre AD-4N (n° 33, 48, 49, 59 et 68) décollent de Châteaudun et arrivent à Fort-Lamy, tandis que quatre autres font le voyage de Djibouti et de Tananarive (Madagascar) avec les pilotes de l'Escadrille d'Appui Aérien EAA 1/21 (aux ordres du commandant Blanc). Ils sont accompagnés par un Breguet transportant les mécaniciens et le matériel technique.

AD-4N "Skyraider" au départ de Fort-Lamy (Source : Serge "pifoux34")

Les huit Skyraider rejoignent Faya-Largeau dans la foulée, puis un détachement (sous les ordres du capitaine Dagouat) rejoint Bardaï le lendemain. Trois jours plus tard, le poste d'Aouzou est repris par le 6è RIAOM (Régiment Interarmes d'Outre-Mer) grâce à l'appui des AD-4N. A partir du 16, les forces françaises regagnent la métropole à l'exception du personnel du 1/21 et de quatre AD-4N "Skyraider" qui restent à Faya-Largeau jusqu’au 19, pour se rassembler ensuite à Fort-Lamy. Le 2 février 1969, au cours d'une démonstration à Libreville, l’AD-4N n°49 percute la mer entrainant la mort de son pilote, le lieutenant Delcambre, victime d'un malaise en vol. Le 1er mars 1969, l'Escadrille Légère d'Appui Aérien 1/22 "Ain" est officiellement créée (un détachement du 1/21 et 2/21 y étant affecté provisoirement sous les ordres du Capitaine Perret).

Opération Limousin

Les forces françaises reviennent à partir du 14 avril afin d'assister l'A.N.T. à traquer la rébellion du FROLINAT soutenues par certains pays frontaliers. C'est l'opération Limousin. A cet effet, l'Etat-major franco-tchadien (EMFT) est créé, avec à sa tête le Général Cortadellas. Le 14 mai, les AD-4N n° 53 et 63 arrivent au port de Douala au Cameroun en compagnie des H-34 "pirate" équipés d’un canon de 20 mm et H-34 "cargo". Ils sont remontés, puis rejoignent Fort-Lamy.

Les Sikosky H-34 dans les rues de Douala (Cameroun) en mai 1969 (Source : Dalma 6)

Le nouveau commandant de l’escadrille, le capitaine Bertrand arrive le 19 mai. Il a un accident au décollage à Fort-Lamy le 14 juin alors qu’il pilote le Skyraider n° 43. Il est sain et sauf. Le 1er juillet 1969, le GMT 59 (Groupe Mixte de Transport n°59) est créé à Fort-Lamy sous le commandement du Capitaine Jourdan et est composé d'un escadron de Nord 2501, d'un escadron mixte de H-34 "cargo" et H-34 "pirate", d’une ou deux SE.3180 Alouette II, un Broussard, et en septembre, un C-160 "Transall" de présérie en détachement.

La base aérienne de Fort-Lamy : Sikosky H-34, Nord 2501, AD-4N et DC-3 (Source : Dalma 6)

C'est à cette période que débute les premières missions opérationnelles avec les AD-4N n° 38, 53 et 68 basés à Faya-Largeau. Sur place, pour faire le plein de carburant, soit 2500 litres, les aviateurs faisaient comme les Shadocks … ils pompaient … avec la pompe à main Japy. De retour à Fort-Lamy, un autre Skyraider (le n° 59) subit un accident au décollage le 1er octobre, son pilote, lieutenant Pastorelli s'en sortant indemne. En octobre et novembre, les AD-4N n° 78 et 85, en provenance de Tananarive et Djibouti viennent remplacer les pertes. En décembre, le capitaine Nefiolov prend le commandement du 1/22. Entre janvier et février 1970, des tests (qui resteront sans suite) sont menés avec un Nord 2501 (le n° 15), équipé de deux canons de 20 mm, un par porte arrière et blindé à l’avant. Il opèrera à partir de Faya, Mongo et Abéché.

La base arrière de Mongo où est installé le D.I.H. du GMT 59 : Sikosky H-34 (Source : Dalma 6)

De novembre 1969 à fin octobre 1970, pas moins de treize opérations d'appui-feu ont lieu à partir de Faya-Largeau, Abéché, Am-Timan ou Bardaï.

Vue de la piste de Mongo (Source : Bernard Lart)

Opération « Ephémère »


En mars 1970, le Général Cortadelas décide de réinvestir la région d’Ounianga. Les rebelles sont environs 140 et sont très combatifs car ils sont installés dans la zone avec leurs familles afin de contrôler un carrefour essentiel aux convois de ravitaillement en provenance de la Libye … Le 20 mars, les éléments motorisés du 2è REP (Régiment Etranger Parachutistes) quittent Faya-Largeau, mais doivent s’arrêter à Ouadi-Doum le 21 en raison d’une tempête de sable qui interdit tout décollage de l’aviation pendant deux jours. Le 23, les légionnaires rejoignent malgré tout le poste d’Ounianga Kebir et les combats sont immédiats et intenses. La 6è CPIMa (Compagnie Parachutiste d’Infanterie de Marine) est aérotransportée sur Gouro en Nord 2501, mais peine à rejoindre la zone en véhicules le 24. L’assaut de la cuvette d’Ounianga Kébir est donné avec l’appui-feu des AD-4N "Skyraider" qui réalisent leurs passes canons et roquettes.

AD-4N "Skyraider" en vol au-dessus de la base de Mongo (Source : Serge "pifoux34")

A court de munitions, ils continuent de réaliser des passes fictives. Les rebelles se retirent au nord du Grand Lac d’Ounianga Serir et sont accrochés de nouveau le 27 par les commandos de la CPIMa. L’appui aérien est très intense avec les Skyraider et les H-34 "pirate" qui déclenchent un incendie. Le lendemain, on établit le bilan : côté rebelles, on dénombre 84 tués, 28 prisonniers et 63 armes, tandis que 5 militaires de la CPIMa sont tués et 9 autres sont blessés. L'objectif fixé initialement est atteint et Ounianga est de nouveau sous contrôle de l'Armée Nationale Tchadienne …

Opération « Moquette »


Le 29 juillet, le village d'Akber Djombo situé à 80 km d'Abéché est attaqué par 200 rebelles. Les hommes du 4è Commando de la CPIMa quittent Fort-Lamy de nuit et s’envolent en direction d’Abéché à bord d’un Nord 2501, puis embarquent dans trois H-34 qui les déposent à moins d’un kilomètres des rebelles. L’opération "Moquette" débute. Un PA 22 Tri-Pacer survole la zone pour guider le groupe de 22 commandos. Les rebelles décrochent, mais font vite demi-tour en constatant qu’il n’y a qu’une vingtaine d’assaillants. Ils contre-attaquent et les commandos sont obligés de se replier sous la protection d'un H-34 "pirate" et de deux Skyraider qui straffent les positions rebelles. Le lendemain une quinzaine de corps sera retrouvé sur les lieux de l’accrochage.

Sergent-chef Lart tireur sur hélicoptère H-34 "pirate" en 1972 avec vue sur le canon de 20 mm (Source : Bernard Lart)

Trois AD-4N subissent des dommages au cours de cette année 1970. L'un d'eux (le n° 26) fait un atterrissage sur le ventre à Fort-Lamy le 26 août, les autres sont touchés par des impacts au moteur (le n° 79 piloté par le sous-lieutenant Barando se pose à Fada le 3 septembre) et au circuit hydraulique (le n° 85 est obligé de se poser en catastrophe à Zouar le 8 septembre) lors des opérations Lévrier et Griffon. A partir d'octobre, un détachement permanent de deux avions est maintenu à Faya-Largeau, aussi un renfort de trois AD-4N (n° 50, 56 et 61) arrive en novembre.

L'embuscade de Bedo

Début octobre 1970, la 6è CPIMa a pour mission le contrôle de la ligne des palmeraies s’étendant entre 50 et 120 km au nord-ouest de Faya-Largeau. Le 11, l’unité en charge de l’opération n’ayant établie aucun contact et la logistique nécessitant de se ravitailler, elle quitte la palmeraie de Bedo en direction de Kirdini sur la route de Faya-Largeau. A mi-chemin, vers 16h30, l'unité est prise à partie par des rebelles. Les combats sont violents et les pertes sévères. Faya n'est pas joignable jusqu'à la tombée de la nuit, 12 soldats sont tués et 25 autres blessés. Ces derniers doivent être évacués d'urgence si l'on ne veut pas alourdir le bilan. Une Alouette II (n° 001) de l'escadron EH 3/67 "Parisis", piloté par le sous-lieutenant Bernard Koszela et accompagné du Capitaine Néfiolov (commandant de l’escadrille de Skyraider qui joue le rôle de navigateur), décolle de nuit en direction du lieu de l'accrochage pour une EVASAN (Evacuation Sanitaire), ainsi qu'un Nord 2501 (n° 171) du GMT 59 piloté par les lieutenants Lalloz et Malphettes, pour un largage lucioles. Deux rotations de nuit et autant de jour sont nécessaires pour ramener les blessés les plus graves. Entre-temps, deux Skyraider pilotés par l’adjudant Lourdais et l'adjudant-chef Corre "Pablo" de l’ELAA 1/22 prennent l'air et arrivent sur zone au lever du jour, mais plus aucune trace des rebelles qui ont quitté la place longtemps avant. On dénombre plus de soixante tués dans leurs rangs.

Les journaux du 11 octobre 1970 : commentaires sur l'embuscade de Bedo

Opération « Picardie II »


La CPIMa a à peine le temps de panser ses plaies physiques et morales qu’elle doit repartir dès le 17 octobre en direction de Zouar pour participer à l’opération « Picardie II ». Cette opération doit permettre de replier les postes de Mourso et Gabroa qui ne peuvent être ravitaillés que par la section air de la CPIMa. Le 21 octobre au soir, les deux postes sont dégagés. Un renseignement donné par un prisonnier révèle l’existence d’une base de ravitaillement rebelle à Goubone, 70 km au nord-est de Zouar. Le lendemain, trois H-34 "Pirate" appuyés par des AD-4N équipés de bombes de 125 kg, de roquettes, effectuent un raid sur celle-ci, tandis que les parachutistes et les légionnaires anéantissent le détachement rebelle tentant de rejoindre cette base.

L'aéronavale à Faya

Le 22 décembre 1970, l'aéronavale arrive à Faya-Largeau avec les HSS-1 de la 33F pour une courte période. Le 22 janvier, la 33F sera basée à Mayounga lors de l'Opération Bison, puis à Bardaï du 8 au 21 février où elle perdra le HSS-1 n° 454, victime d'un accident lorsqu'il faisait du "sling" sur le terrain, sans gravité pour l'équipage, et enfin à Yebbi-Bou jusqu'au 5 mars avant un retour à Douala via Fort-Lamy, pour un embarquement sur le Foch le 23 mars 1971.

Opération « Bison »


L’opération Bison a lieu du 21 au 23 janvier 1971 dans le Borkou à 70 km au nord-ouest de Gouro. Une cinquantaine de rebelles sont signalés à Moyounga. Le 21, neuf hélicoptères HSS-1 (huit "cargo" et un "pirate") de la flottille 33F s’envole de Faya-Largeau en direction de Gouro, ainsi qu’une Alouette II qui servira de PC en vol. Deux C-160 "Transall" les suivent peu de temps après emportant les commandos de la CPIMa et le carburant nécessaire aux HSS-1. Arrivés à Gouro, les dix hélicoptères refont le plein et s’envolent en emportant les commandos, tandis que les C-160 reviennent sur Faya-Largeau pour embarquer deux sections du 3ème RIMa (Régiment d’Infanterie de Marine). Les rebelles sont finalement localisés sur un promontoire rocheux non repérés initialement. La tactique d’approche est modifiée, mais une partie des commandos des hélicoptères ne reçoivent pas l’information et se posent comme prévu à 1200 m. Ils sont accueillis par un feu ennemi violent. Malgré, les tirs du HSS "pirate", un para est tué, il s’agit du fils du Général Cortadellas. Les AD-4N, en attente de vol à 30 km au sud, sont appelés à la rescousse. Le Lieutenant Fiquemot et l'adjudant Michel Lourdais effectuent des tirs canons, puis de roquettes T10 dont l'une pénètre directement dans une cache rebelle. Les rebelles sont encerclés et pilonnés sans cesse. Un peu plus tard, le HSS "pirate" est touché et doit se poser en autorotation à 800 m des rebelles qui courent alors vers l'appareil pour capturer l'équipage.

Un Sikosky H-34 vient de se poser en autorotation à 200 m des rebelles (Source : Dalma 6)

L'adjudant Lourdais fait alors une passe canons sur la position rebelle pour les couvrir. L’hélicoptère sera réparé et redécollera le lendemain. Quelques temps après, le lieutenant Fiquemot et l'adjudant Lourdais reviennent avec le commandant Pourchet traiter la zone avec 18 bombes. La zone est un vrai labyrinthe et les rebelles tiennent toujours. Le bouclage est maintenu toute la nuit, mais le Nord 2501 "Luciole" chargé de l’éclairage arrive trop tard et les rebelles encore en état de marcher en profite pour s’échapper ne laissant derrière eux qu’une douzaine de tués.

Incendies déclenchés après les straffing de deux AD-4N "Skyraider" couvrant le Sikosky H-34 en cours de réparation  (Source : Dalma 6) 

Opération sur Kouroudi


Le 7 juin 1971, la 6ème CPIMa arrive à Faya-Largeau en provenance de Fort-Lamy. Le 10, une bande rebelle commet des exactions dans la ville, aussi, il est décidé d’exploiter cette erreur et de les poursuivre. N’ayant pas de véhicules, la CPIMa embarque le 16 dans des camions civils libyens réquisitionnés chargé en plus du carburant nécessaire aux hélicoptères. Les lendemains, arrivés à Bedo, les commandos sont rejoints par quatre H-34 "cargo", un H-34 "pirate" et une Alouette II PC, deux AD-4N étant en attente 15 minutes à Faya-Largeau. La bande 150 rebelles s’est réfugiée à Kouroudi, 40 km plus au nord. Les commandos arrivent sur zone le 19, appuyés par les H-34 et les Skyraider qui se relaient par formation de deux. L’assaut final est donné vers 16h au prix de deux paras tués. Deux heures plus tard, la nuit tombe, mais comme pour l’opération "Bison", le Nord 2501 "luciole" arrive trop tard et les rebelles en profitent pour s’exfiltrer. Le lendemain, on dénombrera 55 tués et 35 blessés graves.

Rupture avec la Libye

En août 1971, les relations sont rompues entre le Tchad et la Libye, qui soutient les rebelles. Le colonel Kadhafi reconnaît le FROLINAT le 17 septembre 1971 qu'il aide en lui fournissant de l'argent et des armes acheminées par caravanes le long de la frontière tchado-libyenne. Un millier d’armes ont semble-t-il transité par cette voie, dont une centaine automatiques alimentant principalement les bandes rebelles du pays Moubi.

Opération Languedoc

Cette opération a lieu en février 1972. Elle a pour but d'anéantir les bandes rebelles, estimées à 320 hommes bien armés, qui mènent des attaques et se réfugient ensuite en pays Moubi. Le 12, les unités françaises (dont la CPIMa sous les ordres du Lieutenant-Colonel de Tonquedec) et tchadiennes commencent leurs recherches. Le 18, un convoi d'armes, venant de Libye par le Soudan, fortement protégé est repéré à 3 km au sud-est du village d'Am Dagachi. Six commandos de la CPIMa lancent l'attaque qui surprend les rebelles, mais ceux-ci résistent bien. Aussi, le Détachement d'Intervention Héliporté (D.I.H.) basé à Mongo est appelé en renfort avec une Alouette II, un H-34 "pirate" et plusieurs H-34 "cargo".

H-34 "pirate" au décollage à Mongo (Source : Serge "pifoux34")

Le H-34 "pirate" est touché et doit se poser, tandis qu'un cargo est endommagé. Un PA 22 Tri-Pacer survole la zone pour déceler les éléments ennemis et guider les tirs amis. Il survole à très basse altitude la zone du combat malgré les tirs adverses.

Un PA 22 Tri-Pacer

Il s'écrase au sol peu de temps après. Le pilote, l'adjudant Dartigaux, le chef de bataillon Le Puloch et le Lieutenant Laval-Gilly, chef de l'élément ALAT de Mongo sont tués sur le coup. Les pertes de l'adversaire sont importantes : 49 tués, 7 prisonniers, 60 armes récupérées.

AD-4N en approche de la piste de Fada et Nord 2501 en stationnement (Source : Bernard Lart)

Retrait des forces françaises


Les groupes de rebelles n’ont pas été totalement éliminés et le FROLINAT est toujours soutenu par la Libye. Néanmoins, l'intervention française a permis de rétablir l'autorité de l'État tchadien. L'EMFT est dissous et les forces françaises se retirent progressivement jusqu’au 28 août 1972 laissant sur place un détachement d’assistance militaire technique pour mener des opérations de transport et d’appui feu notamment dans le cadre de l’opération Palétuvier en décembre 1972.

Nord 2501 sur la piste de Fada en décembre 1972 (Source : Bernard Lart)

Le 10 novembre, une EVASAN improvisée a lieu vers Bokoro. Deux jours auparavant, un accrochage entre une tribu Missérié et les rebelles semblent avoir fait des victimes selon l’information d’un militaire français servant dans la Garde nomade. Six H-34 "cargo" et un H-34 "pirate" décollent de Mongo et constatent les dégâts en arrivant sur zone. Vue l’état des blessures de certains de ces nomades, l’évacuation est décidée. Le H-34 "pirate" est mis également à contribution car le nombre de victime est important.

Finalement, le bilan de l’opération LIMOUSIN est lourd côté  français : 39 morts et 102 blessés, plus de 200 militaires côté tchadien.

C-160 "Transall" sur la piste de Fada en 1972 (Source : Bernard Lart)

L’affaire Claustre


Le 21 avril 1974, trois européens sont enlevés à Bardaï (le médecin allemand Christophe Staewen, le coopérant français Marc Combe et l’archéologue Françoise Claustre) par les FAN d’Hissène Habré et Goukouni Oueddei. Le médecin est libéré le 11 juin après le versement d’une rançon par l’Allemagne. Après l'échec des négociations pour libérer les deux français (le commandant Galopin, envoyé comme émissaire, est à son tour enlevé le 4 août), il est envisagé d’utiliser la force, ce qui nécessite une connaissance précise du terrain. Aussi, les Mirage IVA sont sollicités pour la première fois pour une mission de reconnaissance longue durée. Celle-ci a lieu le 11 septembre au départ d’Istres avec le Mirage IVA n° 54/CA piloté par le commandant Lannevere et le commandant Jeantet (CT-52, brouilleurs CT-51 Espadon et bidons RP 20 de 2500 litres). Cinq C-135F seront utilisés pour la mission. Une fois au-dessus de la méditerranée, le Mirage IV vole en patrouille serrée avec un C-135F afin  que leur écho radar soit assimilable à celui d'un avion de ligne. Arrivé au Tchad, le Mirage IV se sépare du C-135F qui fait demi-tour en indiquant un ennui moteur au contrôle international. Une fois la mission remplie, le Mirage IV retrouve le C-135F et c’est le retour vers Bordeaux.
Une seconde mission baptisée "Rebelote" a lieu le 14 septembre. L’objectif est la reconnaissance de la zone où sera versée la rançon par un C-160 Transall. L’itinéraire est cette fois-ci préalablement empruntée par un DC-8 Sarrigue dont la mission est de reconnaître les menaces auxquelles le Mirage IV pouvait être soumis. Finalement, la rançon est versée en vain. Le commandant Galopin est exécuté le 4 avril 1975, tandis que Marc Combe parvient à s'évader le 23 mai 1975. Françoise Claustre sera libérée avec son mari (qui avait tenté de négocier directement et avait été enlevé à son tour) le 30 janvier 1977.

Opération Koro


Cette opération se déroule d’octobre à décembre 1974 aux environs de Berdoba à environ 100 km au nord d’Iriba. L’objectif est de trouver et éliminer un important centre d’entrainement des rebelles. Un détachement de l’ALAT stationné à Sarh rejoint Iriba. Le D.I.H. est composé de six SA330 Puma "cargo", un SA330 Puma "pirate" équipé d’un canon de 20 mm et de deux Piper L 19. Le 26 octobre le détachement part en direction de Berdoba, les Puma "cargo" transportant les soldats de l’ANT. A bord du Puma "pirate", piloté par Ange Baggioni, se trouve le commandant Kamougué et le colonel Delayen, le tireur canon est l'adjudant Goutefer.

L’équipage du SA330 PUMA "pirate" (Source : UNA-ALAT)

L’effet de surprise est total, les Puma "cargo" redécolle dès les premiers tirs. Un Piper L 19 est touché au moteur, mais le pilote, blessé, parvient à le poser sans casse à proximité d’une unité amie qui protège l’équipage et l’avion. Le Puma "pirate" est à son tour touché par le tir d’une mitrailleuse, mais l’appareil reste pilotable en place copilote ; le tireur canon se charge ensuite de la neutraliser. Pendant les deux semaines qui suivent les rebelles tiennent, bien que les pertes soient nombreuses de leur côté. Aussi, il est décidé de faire intervenir les Skyraider de l’EAA 1/22 au départ d’Abéché. Ceux-ci réalisent un grand nombre de mission d’appui-feu. 


Le 7 novembre, les pilotes, dont l’adjudant-chef Jacques Borne, attaquent les grottes où se sont retranchés les rebelles. Plusieurs appareils sont touchés par les tirs, mais les rebelles décrochent et se réfugient dans le Tibesti en laissant derrière un lourd bilan : 80 tués, un grand nombre d’armes (263 fusils automatiques, des mines anti-char, un mortier de 81 mm).

AD-4N "Skyraider" de l’EAA 1/22 (Source : Frédéric Borne)

Retrait des troupes d’assistance technique


De juillet 1972 à juin 1975, l’Escadron d’Appui Aérien 1/22 réalisera en moyenne trente-cinq sorties opérationnelles par mois. Il quitte le Tchad en octobre 1975 pour rejoindre Châteaudun. Le 27, les troupes d'assistance militaire technique sont retirées à la demande du général Malloum, qui a pris le pouvoir en renversant le président Tombalbaye le 4 avril 1975.

Texte © Copyright 2013 Arnaud Delalande.

Documentaires INA

Le Tchad, banditisme ou rébellion - diffusé le 25 septembre 1969

Le président TOMBALBAYE a fait appel à l'armée française pour l'aider à combattre les rebelles toubous du Tibesti. 



Tchad 1970 - diffusé le 10 avril 1970


Depuis son indépendance en 1960, après la création du Front de Libération Nationale (FROLINAT) opposé au Président Tombalbaye, les troubles du Tibesti en 1968 ont entraîné une intervention militaire française. 



Bibliographie


Ouvrages

L'intervention de la France dans le conflit tchadien. 1969-1975, Jackie Neau, Mémoires d'Hommes - Paris - 2006

Sur la toile

Opération Limousin au TCHAD de 1969 à 1972,est la Première Opération Extérieure de la FRANCE au TCHAD après la Guerre d'ALGERIE
Le combat de Bedo au Tchad (BET) le 11 octobre 1970
Le Tchad vu par un aviateur d’Emile Gomez

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